Jean-Michel nous dit qu’avec son épouse ils ont vécu, il y a 25 ans, pendant 3 ans à Tournon sur Rhône, années pendant lesquelles il était proviseur du Lycée Gabriel Faure. Il en garde de bons souvenirs et amis tels que Dominique et André Jourdan. « Malgré le Pilat et le col de la République », ils se rencontrent encore. La retraite arrivant, il a décidé de s’occuper en continuant à faire des recherches en histoire et en dialoguant avec les gens. A ce titre il est aussi responsable du mémorial de la Résistance et de la déportation de la Haute Loire.
Les présentations faites, il demande à notre spécialiste informatique Christian Sellier de mettre en marche la projection d’un montage qu’il a réalisé sur la Résistance dans le Vercors. Ce sont des témoignages d’anciens résistants, comme Gaston Sublet ou Paul Jansen, d’habitants du plateau, voire d’anciens militaires tel le général Costa de Beauregard, des interventions d’historiens tels que M.Paul Dreyfus.
Il n’a pas pu en faire un sur la Résistance en Ardèche car il n’existerait pas de film ou de témoignages enregistrés de cette époque.
Le thème de la Résistance continue selon lui de tenir une place importante jusque dans les discours de nos hommes politiques.
Jean-Michel reprend ensuite la parole pour nous dire qu’il veut comparer les deux Résistances :
Il y a des points communs comme :
- Le fait que ce sont des zones montagneuses, des plateaux. Les hivers (dont ceux de 39/45) y sont très rudes.
- Le fait que ce sont des lieux de refuge. Les populations en fuite y ont toujours été bien accueillies.
Mais il y a aussi des différences :
On garde comme souvenir de la Résistance dans le Vercors un aspect très imagé, très héroïque. Il est vrai qu’elle a opposé dans les plus durs combats 4000 hommes à une division de 20000 soldats. On garde à l’esprit que ce fut aussi le plus important maquis français. Il en reste des ruines, des cimetières, deux mémoriaux.
Côté Ardèche, il n’y a pas eu de grands combats militaires saufs en 1944.
Le maquis s’est peu à peu installé dans le sud, en Haute-Loire, dans la Loire. Il n’y a jamais eu la volonté de s’isoler, de construire la République du Vercors. Or à partir du 6 juin 1944, le maquis occupe le territoire de l’Ardèche, et agit au grand jour. Cela va coïncider avec la fin de celui du Vercors. En Ardèche, les combats héroïques repoussent les allemands qui quittent le département avant l’arrivée des américains qui ont débarqué et combattu en Provence.
Reste qu’on peut se poser un certain nombre de questions :
- Pour quelle raison est-ce qu’on s’engage ?
- Pourquoi mettre en jeu sa vie ?
- Pourquoi des pères quittent leur famille et leur travail pour aller au Vercors ?
- Pourquoi faire ce choix de risque total ?
Ensuite on peut se demander comment ces évènements ont été perçus par les protagonistes. Alors que des résistants se replient, certains disent ne rien quitter, alors que les agriculteurs qui les accompagnent eux perdent leur travail, leur maison, leur femme. Cela explique les hésitations de la population à s’engager. Ils rejettent certes les allemands, ils sont prêts à soutenir les américains mais ils ont un problème d’adhésion au mouvement résistant.
Dans la vie on a tous des choix à faire, mais reste à savoir si on fait les bons.
Par exemple, un patron d’Annonay avait accueilli un ouvrier juif d’Alsace. Ce dernier a finalement été raflé par la Gestapo. Le patron a écrit des lettres dont au préfet, il a démarché jusqu’à Lyon pour récupérer son ouvrier, il met sa vie et son intégrité en jeu. Il n’a pas réussi. Et c’est facile 65 ans après de se dire « comment se fait-il qu’il n’ait pas fait le bon choix ? »
Ensuite il y a plusieurs façons de voir les choses :
Il y a 50 ans on parlait de la résistance dans le Vercors, et très peu de celle de l’Ardèche. Or il y a 2 musées de la mémoire dans le Vercors. Un national, un départemental. En Ardèche, il n’y a rien. Or il y a eu Résistance, il y a eu accueil de réfugiés. Récemment il y a eu un film « les 1000 collines », il y a eu des témoignages sur le Chambon sur Lignon, le Vivarais. Mais il y a peu de livres, peu de thèses d’histoire. Aucune commune n’est d’accord avec ses voisines pour financer un musée. On a un souvenir très masculin du Vercors, et très féminin de l’Ardèche. Beaucoup d’hommes ont été faits prisonniers, mais beaucoup de femmes se sont engagées dans l’accueil des réfugiés.
http://www.memorial-loire.fr/article.php?page=resistance
www.parc-du-vercors.fr/resonances/var/.../Biblio%20Vercors.doc
http://clio-cr.clionautes.org/spip.php?article2993
http://www.lepoint.fr/actualites-societe/miracle-a-dieulefit/920/0/229069
http://www.ajpn.org/juste-Marguerite-Soubeyran-2581.html
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