Intervention de
François Luiggi
« Nous
sommes honorés
« nous »
car je représente
mon conseil d’administration
puisque l’établissement
médical
de la Teppe est une
association loi
1901, et je représente
l’ensemble
des résidents
et de leurs familles
que nous
accueillons, que
nous accompagnons
dans leurs difficultés
et l’ensemble
du personnel mobilisé,
personnel très
très
large dans les
fonctions couvertes :
S’occuper
des personnes en
difficulté,
personnes malades,
"personnes handicapées",
il faut des médecins,
des neurologues, des
psychiatres, des généralistes ;
mais le cœur
de notre métier
est la psychiatrie
et la neurologie et
ensuite un
éventail
d’autres
métiers
puisque c’est
une petite ville :
on y est soigné,
il y a des
infirmiers, des kinésithérapeutes,
des dentistes des
orthophonistes, des
ergothérapeutes,
des
éducateurs,
mais on doit aussi
pouvoir manger, il y
a donc une cuisine,
un service technique…
Ce qui me semble
important de dire, c’est
que c’est
un
établissement
dans la Cité.
Car la Teppe s’inscrit
dans l’histoire
de Tain l’Hermitage
depuis plus de 150
ans. C’est
un
établissement
situé
au Sud de Tain.
Quand je suis arrivé
il y a une dizaine d’années,
je disais
« je
travaille
à
la campagne
à
2 kilomètres
de la ville de Tain ».
Aujourd’hui
je travaille
à
Tain :
on voit donc le développement
et l’avancée
de l’urbanisation.
A la Teppe, il nous
reste néanmoins
encore quelques
terres.
150 ans d’histoire,
c’est
aussi un peu toute l’histoire
de l’Assistance,
du service
à
la personne dans
notre pays sur ces
deux derniers siècles.
1856 :
il n’y
a pas d’État
Providence, pas de sécurité
sociale, il y a des
gens qui se
mobilisent. A l’époque
sur Tain, il y a la
famille de Larnage,
le comte Louis de
Larnage qui résidait
sur le site de l’actuelle
mairie. Il y avait
derrière
une petite chapelle
où
l’on
distribuait une
potion. Chaque année,
sur les coteaux de
Tain, on ramassait
une plante
«
Galium ou Gaillet»
qui servait
à
faire le
« grand
remède ».
Chaque année
les gens venaient de
loin, de très
loin pour ce remède
et il a d’ailleurs
fallu prévoir
un site pour les
accueillir. Le
« grand
remède »,
c’était
une décoction.
Il y a eu des
études
faites dessus, mais
on n’a
pas trouvé
les principes
actifs. Le grand remède
était
utilisé
pour soigner les
corps, mais on
soignait aussi les
âmes,
cela allait toujours
de pair avec une
procession et des
prières.
En plus, il s’agissait
de soigner une
maladie très
particulière,
l’épilepsie,
qui fait aussi appel
à
des choses de l’ordre
du Sacré,
on y voyait peut
être
une trace du mal, d’ailleurs
des personnalités
en avaient souffert
comme Jules César.
150 ans d’histoire,
c’est
aussi l’évolution
sociale de notre
pays. Car après
le temps des
œuvres
est venu le temps
des congrégations,
celle des sœurs
de la Charité
jusqu’en
1970, pendant un siècle
donc. C’était
une vie en autarcie,
des gens mobilisés,
et on venait
à
la Teppe dans un
environnement
asilaire, on y
passait une partie
de sa vie, on y
était
caché
pour certains. Il y
avait comme sur le
Titanic des classes,
des gens qui avaient
les moyens de payer,
d’autres
non. Donc il y avait
toute une
organisation,
plusieurs modes de
financement. Les
congrégations
cherchaient les
moyens les plus
adaptés.
On a des registres
intéressants
et on observe que
pendant les deux
guerres et surtout
la seconde, on a une
mortalité
assez effroyable.
Avec la vie en
autarcie, il y avait
des manques.
La Teppe a aussi pesé
dans l’histoire
politique locale,
elle apparaissait
comme un endroit qui
déstabilisait
souvent, qui faisait
ou défaisait
les mairies. Il y
avait aussi des
crispations autour
de
ça.
C’est
donc lié
à
toute l’histoire
de la Cité.
Dans les années
70, après
la guerre, il y a
une explosion des
lois sociales dans
notre pays :
on structure l’accompagnement
des personnes
malades, il y a des
lois hospitalières,
on accompagne les
personnes handicapées,
il y a des lois médico
sociales, on
professionnalise, on
structure, on
introduit de la
norme. On commence
à
parler de qualité,
on introduit des
outils de
management.
Le temps des congrégations
est passé,
on a fait place aux
associations laïques.
Et l’association
Établissement médical
de la Teppe est créée
en 1970.
Aujourd’hui,
on est une petite
ville où
travaille plus de
500 personnes et qui
prennent en charge
plus de 500 patients
résidents :
ils viennent sur des
structures hospitalières
comme l’hôpital
de Romans, de
Valence, la clinique
Pasteur. On a 165
lits et places
à
la Teppe qui
rentrent dans le périmètre
hospitalier :
des personnes qui n’ont
pas vocation
à
rester
à
la Teppe, mais
à
y
être
soignées.
Puis nous avons tout
un
éventail
de prises en charge
médico
sociales des
personnes
âgées,
handicapées.
Parmi ces derniers,
certains peuvent
travailler dans le
« centre
d’aide
par le travail,
C.A.T »,
dans des entreprises
adaptées.
De l’autre
côté,
on a des handicaps
très
lourds et des
personnes qui ont
besoin d’un
accompagnement dans
leur vie quotidienne
et où,
là,
il faut mobiliser
des moyens
importants. Alors, c’est
là
qu’intervient
le rotary.
Et je suis là
avant tout pour vous
remercier, je vois
que vous vous
mobilisez pour nos résidents
et je ne peux qu’avoir
de la gratitude pour
ça.
Il est vrai qu’on
vit des moyens de la
collectivité.
C’est
mieux que dans
certains pays, moins
bien que dans d’autres.
C’est
moins bien qu’il
y a quelques années,
mais c’est
sans doute mieux que
dans quelques temps.
Il y a en effet une
raréfaction
des moyens de
financement public,
on a des budgets qui
ne sont pas en
évolution.
On essaye d’être
rigoureux en matière
d’utilisation
des fonds publics.
Nos personnes les
plus handicapées
sont accueillies au
sein d’une
structure qu’on
appelle, dans notre
jargon, une
« maison
d’accueil
spécialisée ».
C’est
simplement un lieu où
vivent 39 personnes
avec des problématiques
très
complexes d’handicaps
lourds, des
épilepsies
extrêmement
invalidantes. Ils
ont besoin d’une
aide pour tous les
gestes de la vie
quotidienne. Il y a
des personnes
handicapées
de naissance et qui
ont grandi avec
leur handicap. D’autres
sont accidentés
de la vie ;
ils ont pris leur
moto, leur voiture
un matin pour aller
travailler et ils
ont eu un accident,
un coma, une rééducation,
un handicap très
lourd. On a donc des
drames humains,
familiaux aussi car
les familles sont présentes
dans le temps.
On accompagne sur
tous les gestes,
ceux de besoins
primaires :
se lever, se laver,
s’habiller,
se nourrir…
Mais la vie ne se résume
pour eux et pour
nous pas
à
ça.
C’est
là
que vous intervenez
avec ce beau projet.
La Vie :
on se rappelle de
moments un peu
magiques quand on va
faire du vélo,
pour certains quand
on va monter
à
cheval, quand on va
pouvoir aller se
tremper dans l’eau,
même
si on ne peut pas
nager, ou aller
faire une randonnée
dans le Vercors car
des gens on réussit
à
construire des
carrioles adaptées,
tirées
par des
ânes,
pouvoir faire des
balades sur des
traîneaux adaptés
et tractés
par des chiens.
Votre mobilisation,
je l’espère,
va pouvoir nous
permettre d’aboutir
à
deux très
beaux projets :
d’une
part un dispositif
concernant des
personnes handicapées,
accompagnées
par une
professionnel, pour
pouvoir faire du vélo :
il y a des
dispositifs très
complexes, très
adaptés,
mais qui répondent
bien
à
ça ;
d’autre
part il y a
également
un projet d’une
selle de cheval pour
personnes handicapées.
A côté
des soins, on fait
beaucoup d’activités
sportives. Quand les
jeunes arrivent chez
nous, ils pensent
que le vélo,
la natation, le ski
c’est
interdit. En fait,
en fonction du
handicap, on essaye
de faire en sorte
que tout soit
accessible
à
tout le monde et on
est là
surtout pour
compenser leurs
handicaps, rendre
possible les choses
avec l’énergie
que mobilise le
personnel au
quotidien et puis grâce
à
des actions comme
les vôtres.
Je vous remercie
pour votre
attention. »
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